Comment favoriser la parité au sein des écoles d’ingénieurs ? Témoignage de Joël Cuny, Directeur Général de l’ESTP

Joël Cuny est le Directeur Général de l’ESTP, une école d’ingénieurs qui forme en France le plus grand nombre de cadres dans le domaine de la construction et de l’aménagement du cadre de vie. Dans cet entretien, Joël Cuny revient sur la politique menée en matière d’inclusion et de mixité au sein de son école, en lien avec VINCI Construction : un engagement nécessaire pour favoriser la parité et dessiner le futur du secteur de la construction.

Pouvez-vous présenter l’ESTP et son positionnement ? Comment collabore-t-elle avec VINCI Construction ?

L’ESTP est une école d’ingénieurs qui a fêté ses 130 ans en 2021 ! Elle forme des élèves ingénieur(e)s qui intègrent le secteur de la construction et de l’infrastructure, à travers deux missions principales : la formation et la recherche.

Notre école est multi-campus : nous disposons d’un campus principal à Cachan, d’un autre à Troyes depuis 2017, et d’un troisième campus à Orléans, inauguré en 2019.

Au total, ce sont 3 200 élèves apprenants au sein de l’ESTP, et environ 1 000 diplômé(e)s chaque année qui intègrent le secteur de la construction et des infrastructures.

Et VINCI Construction est un partenaire très engagé aux côtés de l’ESTP, notamment sur les sujets du recrutement et de valorisation auprès des jeunes talents du secteur de la construction et des infrastructures, qui s’inscrivent au cœur des enjeux de transition, avec une activité forte et un besoin de compétences important !

VINCI Construction est donc un acteur très présent à l’école, à travers des parrainages et des interventions professionnelles, pour accompagner l’enseignement de toute une promotion de 700 ingénieur(e)s sur un certain nombre de thématiques d’avenir pour le secteur, à l’image du BIM (Building Information Modeling).

C’est une relation de travail essentielle pour accompagner et faciliter l’intégration de nos étudiantes et étudiants au sein du secteur de la construction.

Comment l’ESTP agit-elle afin de favoriser le recrutement d’élèves ingénieures femmes ?

L’école est engagée pour faire progresser ce sujet, qui est au cœur des débats de nos sociétés et au cœur des enjeux du secteur de la construction et des infrastructures. Le nerf de la guerre, pour nous, c’est le recrutement.

Nous accueillons aujourd’hui 29 % d’étudiantes et apprenties. C’est encore trop peu, mais on voit une nette progression qui s’est établie ces 30 dernières années. Il y a 30 ans, nous avions 7 % d’ingénieures diplômées seulement : on progresse, donc, mais c’est encore trop lent.

Nous faisons face à une problématique qu’il faut résoudre à l’échelle de la société : comment faire en sorte que les jeunes filles s’engagent dans des études scientifiques ?

En effet, la formation d’ingénieur a des prérequis, qui sont des prérequis scientifiques. Aujourd’hui, nous avons donc un vivier de recrutement dans lequel nous n’avons pas assez de candidates : c’est vrai pour l’ESTP, mais c’est aussi partagé par l’ensemble des écoles d’ingénieurs !

Aussi, l’ESTP s’engage avec de nombreuses entreprises et associations (telles que « Elles bougent » ou encore « Femmes ingénieuses ») pour faire bouger les lignes dès le collège : c’est à ce moment-là que l’orientation commence à se dessiner.

Le deuxième sujet que j’identifie est le suivant : comment amène-t-on le secteur de la construction à s’ouvrir sur des thématiques qui le rend plus attractif pour les talents féminins, et donc plus paritaire ?

Interview de Joël Cuny, directeur général de l’ESTP Paris

En quoi les actions, comme celle de l’ESTP au féminin, sont-elles importantes pour la féminisation des écoles d’ingénieurs et du secteur de la construction ?

L’ESTP au féminin est une action emblématique organisée par l’ESTP Alumni, qui met à l’honneur des parcours d’ingénieures diplômées de l’école.

Cette mobilisation est importante car c’est une manière de bousculer les codes et de pousser un certain nombre de femmes diplômées de l’école à se mettre en avant et à mettre en lumière leurs parcours d’ingénieures (qu’elles soient engagées dans la construction durable, l’international ou à des postes de direction, par exemple). C’est une manière de montrer et de démontrer aux étudiantes que le secteur de la construction est aussi fait pour elles !

Nous avons également les trophées de l’ESTP au féminin qui honorent, valorisent et récompensent des parcours singuliers de femmes ingénieures diplômées de l’école.

Ce sont des sujets stratégiques que nous portons au sein de notre école et quand je vois ces initiatives, je suis confiant car le secteur a bougé ! De jeunes diplômées s’engagent comme conductrices de travaux aujourd’hui : une démarche très récente, qu’il faut accentuer. Je crois que nos jeunes générations sont décomplexées et on voit ces jeunes femmes qui n’hésitent pas à se lancer dans ce genre de carrières.

Pourquoi l’inclusion et l’intégration de talents féminins dans le secteur de la construction sont-ils nécessaires selon-vous ?

Premièrement, la mixité est non-négociable. C’est un préalable, un objectif qu’il faut atteindre, parce qu’on a besoin de représenter ce qu’est la société dans toute sa diversité : que ce soit dans les écoles, les entreprises ou dans tout le secteur de la construction. Je reprends à nouveau ce slogan, qui résume parfaitement ce propos : « Que ceux qui dessinent la ville de demain, soient à l’image de ceux qui l’habite ». On souligne ici l’importance de la représentation.

Deuxièmement, et pour réellement faire bouger les lignes, il faut intégrer les femmes aux plus hauts niveaux de direction du secteur. Le système de quotas est donc peut-être un passage obligé pour arriver à atteindre cette mixité au niveau des Codir et Comex des entreprises, afin d’avoir une meilleure représentation et valoriser les carrières des dirigeantes pour qu’elles puissent prendre toute leur place au sein des directions d’entreprises.

Et en matière d’inclusion, quelle politique mène l’ESTP ?

L’inclusion est au cœur de notre mission : nous nous devons en tant qu’école qui forme les ingénieur(e)s de demain, d’être sur ces sujets et de les faire progresser. C’est un engagement de l’ESTP de pouvoir être un écosystème dans lequel on aborde ce sujet d’inclusion, et dans lequel on doit discuter librement de ces problématiques, avancer, échanger et les valoriser pour en faire un sujet d’intérêt général commun à toute la société. Nous partageons cet engagement avec nos entreprises partenaires, telles que VINCI Construction, pour s’engager collectivement et faire progresser tout le secteur de la construction !

Interview de Joël Cuny, directeur général de l’ESTP Paris